Voix de Résilience Une Analyse Genrée des Besoins pour la Prévention de l’Extrémisme Violent au Sahel
Le Sahel est l’une des régions les plus instables d’Afrique subsaharienne. La violence généralisée et l’accès limité aux ressources, aux services essentiels et aux moyens de subsistance contribuent à une fragilité accrue et affectent la vie quotidienne des femmes, des filles, des hommes et des garçons. La pauvreté endémique, les inégalités — en particulier les inégalités de genre — et les violations des droits humains comptent parmi les multiples facteurs qui ont une forte incidence sur la sécurité de la región.
Depuis 2015, l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI) met en œuvre des projets de prévention de l’extrémisme violent (PEV) dans cette région. Au cours de la mise en œuvre de ces projets, il est apparu évident que les stratégies de PEV dans ce contexte devaient reposer sur l’hypothèse que les interactions entre les hommes, les femmes et les groupes extrémistes violents ne sont pas uniformes dans l’ensemble du Sahel, et que les expériences et les réalités quotidiennes des communautés locales devaient guider la conception de telles initiatives.
Dans le cadre de ses efforts visant à renforcer la résilience des communautés et des institutions, l’UNICRI a recueilli des preuves de l’approche genrée de la propagande des groupes jihadistes et du rôle des femmes et des filles dans le soutien à l’extrémisme violent et dans la prévention de celui-ci. Ces éléments ont incité l’Institut à poursuivre l’analyse de ces facteurs, dans le but d’intégrer la dimension de genre dans tous les efforts de PEV déployés dans la région.
En 2023, avec le soutien de l’Agence de coopération internationale de la République de Corée (KOICA), l’UNICRI a mené une initiative de collecte de données au Mali, en Mauritanie et au Niger pour élaborer des principes directeurs pour les futures interventions en prévention de l’extrémisme violent. Grâce à des visites approfondies sur le terrain, l’UNICRI a collaboré avec un large échantillon d’acteurs, parmi lesquelles on retrouve des membres des communautés, des autorités nationales et locales, des chefs religieux, des experts en sécurité, des représentants d’organisations et des acteurs de la société civile.
En recueillant les avis des communautés locales sur des questions telles que la disponibilité des services, les rôles de genre, l’insécurité et la violence, ainsi que la PEV, cette étude offre une occasion unique d’examiner l’interdépendance de ces éléments et la façon dont les préoccupations concernant l’absence de services essentiels et de droits fondamentaux peuvent être des moteurs de violence.
Leurs voix ont contribué à une meilleure compréhension des défis uniques auxquels leurs communautés sont confrontées. Ensuite, l’UNICRI a réalisé des analyses de genre propres à chaque pays, incluant les rôles de genre et les dynamiques de pouvoir, qui mettent en lumière les besoins et les préoccupations des communautés urbaines et rurales.
Grâce à cette étude, l’UNICRI facilite la conception et le développement d’initiatives adaptées aux besoins et aux préoccupations spécifiques des femmes, des hommes, des filles et des garçons, alignant ainsi les stratégies de prévention sur les réalités du terrain au Sahel. Nous espérons que cette étude renforcera une meilleure compréhension des liens entre relations de genre et prévention de l’extrémisme violent, et qu’elle constituera une base essentielle pour de prochaines initiatives de PEV façonnées par les voix des communautés de la région du Sahel.